A la poursuite de Lachenay...
3 participants
Page 1 sur 1
A la poursuite de Lachenay...
Nadine a soulevé une question sur facebook, à propos de la biographie de Lachenay, officier républicain commandant l'une des Colonnes infernales de Turreau.
Plutôt que de continuer un échange fructueux sur le réseau social, au risque de le voir disparaître au fil du temps, j'ouvre ici un topic pour en conserver les fruits.
Plutôt que de continuer un échange fructueux sur le réseau social, au risque de le voir disparaître au fil du temps, j'ouvre ici un topic pour en conserver les fruits.
Dernière édition par Nicolas Stofflet le Jeu 30 Jan - 17:41, édité 3 fois
Re: A la poursuite de Lachenay...
Je commence par remettre ici les reconstitutions d'actes trouvées dans l'état civil de Paris.
J'ai lu dans le dictionnaire de Frédéric Augris (Vendéens et républicains dans la Guerre de Vendée) que Jean-Baptiste Lachenay était né à Paris en 1760.
Vérification faite, il existe bien une fiche à ce nom, au 25 avril 1760.
Sur le site des Archives de la Vendée, la date de naissance de Lachenay est aussi fixée à 1760, et celle de son décès estimée après 1815.
Or, dans les reconstitutions d'actes de Paris, on trouve un Jean-Baptiste Lachenay mort le 7 avril 1820.
J'ai lu dans le dictionnaire de Frédéric Augris (Vendéens et républicains dans la Guerre de Vendée) que Jean-Baptiste Lachenay était né à Paris en 1760.
Vérification faite, il existe bien une fiche à ce nom, au 25 avril 1760.
Sur le site des Archives de la Vendée, la date de naissance de Lachenay est aussi fixée à 1760, et celle de son décès estimée après 1815.
Or, dans les reconstitutions d'actes de Paris, on trouve un Jean-Baptiste Lachenay mort le 7 avril 1820.
Dernière édition par Nicolas Stofflet le Jeu 30 Jan - 12:15, édité 3 fois
Re: A la poursuite de Lachenay...
Vous allez me dire : c'était peut-être un homonyme.
Alors j'ai cherché dans les tables de successions, et ce Jean-Baptiste Lachenay, décédé le 7 avril 1820, est mentionné par le notaire (Chapellier) comme un ex-militaire. On touche au but...
D'autre part, il est écrit qu'il est mort à l'âge de 60 ans, ce qui confirme la date de sa naissance à 1760.
Il habitait alors au n°21 ou 31 de la rue du Faubourg du Roule, à Paris. Il est décédé à l'hôpital Beaujon.
Et pour l'anecdote, il avait épousé une certaine Reine Coeurderoi (mais pas à Paris d'après les reconstitutions d'actes ; d'ailleurs Reine n'était pas parisienne selon les mêmes sources).
Voilà toutes les informations contenues dans l'acte de succession.
Alors j'ai cherché dans les tables de successions, et ce Jean-Baptiste Lachenay, décédé le 7 avril 1820, est mentionné par le notaire (Chapellier) comme un ex-militaire. On touche au but...
D'autre part, il est écrit qu'il est mort à l'âge de 60 ans, ce qui confirme la date de sa naissance à 1760.
Il habitait alors au n°21 ou 31 de la rue du Faubourg du Roule, à Paris. Il est décédé à l'hôpital Beaujon.
Et pour l'anecdote, il avait épousé une certaine Reine Coeurderoi (mais pas à Paris d'après les reconstitutions d'actes ; d'ailleurs Reine n'était pas parisienne selon les mêmes sources).
Voilà toutes les informations contenues dans l'acte de succession.
Dernière édition par Nicolas Stofflet le Jeu 30 Jan - 13:37, édité 2 fois
Re: A la poursuite de Lachenay...
Excellent, Nicolas ! Je reste sans voix.
Merci en tout cas pour ton aide précieuse et pour nous avoir permis d'en savoir un peu plus sur ce personnage peu recommandable.
Merci en tout cas pour ton aide précieuse et pour nous avoir permis d'en savoir un peu plus sur ce personnage peu recommandable.
Re: A la poursuite de Lachenay...
Un mail reçu aujourd'hui par un ami qui ne cite pas ses sources me dit ceci:
"Lachenay est âgé de 34 ans en 1794, il est cuisinier à Paris, il entre dans le 3ème bataillon de la capitale en 1791 - Devenu sous officier, il arrive en mai 1793 en Vendée. Adjudant Général en janvier 1794, il seconde grignon avec lequel il rivalise de cruauté. Destitué en mai, il est envoyé à Belle-Ile en juin, puis rejoint Hoche en 1796. A la Restauration en 1814, Lachenay a le culot de demander une pension et la Croix de Saint Louis au roi.et reçoit finalement une retraite....."
Son père aurait été émigré. A confirmer...
"Lachenay est âgé de 34 ans en 1794, il est cuisinier à Paris, il entre dans le 3ème bataillon de la capitale en 1791 - Devenu sous officier, il arrive en mai 1793 en Vendée. Adjudant Général en janvier 1794, il seconde grignon avec lequel il rivalise de cruauté. Destitué en mai, il est envoyé à Belle-Ile en juin, puis rejoint Hoche en 1796. A la Restauration en 1814, Lachenay a le culot de demander une pension et la Croix de Saint Louis au roi.et reçoit finalement une retraite....."
Son père aurait été émigré. A confirmer...
Re: A la poursuite de Lachenay...
Il a effectivement reçu une retraite (« une modeste pension de lieutenant » dit F. Augris).
J'ai cherché dans les listes des émigrés et de leurs parents établies sous la Restauration (pour l'attribution des pensions). Je n'y ai pas trouvé de Lachenay, ni de Roux de Lachenay (ou variantes orthographiques).
J'ai cherché dans les listes des émigrés et de leurs parents établies sous la Restauration (pour l'attribution des pensions). Je n'y ai pas trouvé de Lachenay, ni de Roux de Lachenay (ou variantes orthographiques).
Re: A la poursuite de Lachenay...
J'ai trouvé ceci dans les Archives parlementaires (tome XV), état nominatif des pensions sur le Trésor royal, règne de Louis XVI :
D'après ce que j'ai déchiffré des listes de pensions, «40» serait l'âge (mais à compter de quelle date ?), «M. du R.» militaire du rang, «1787» l'année d'attribution de le pension. S'agit-il du même personnage ?
(source : https://archive.org/stream/archivesparlemen15pariuoft#page/n7/mode/2up)
Pour ce qui est de la généalogie, on n'a pas d'acte filiatif ni pour la naissance, ni pour le décès. La seule chance d'en avoir un serait de mettre la main sur l'acte de mariage. Il y a des pistes qui mènent, du côté de Reine Cœurderoi, en Bourgogne, plus particulièrement en Côte-d'Or, mais ça manque encore de précision...
D'après ce que j'ai déchiffré des listes de pensions, «40» serait l'âge (mais à compter de quelle date ?), «M. du R.» militaire du rang, «1787» l'année d'attribution de le pension. S'agit-il du même personnage ?
(source : https://archive.org/stream/archivesparlemen15pariuoft#page/n7/mode/2up)
Pour ce qui est de la généalogie, on n'a pas d'acte filiatif ni pour la naissance, ni pour le décès. La seule chance d'en avoir un serait de mettre la main sur l'acte de mariage. Il y a des pistes qui mènent, du côté de Reine Cœurderoi, en Bourgogne, plus particulièrement en Côte-d'Or, mais ça manque encore de précision...
Re: A la poursuite de Lachenay...
Concernant les de Savrey, j'ai mis la main sur un acte de mariage dans la Vienne (Chauvigny) de Estienne de Savrey, fils de Jean de Savrey et de Elisabeth Laurent d'une paroisse du duché de Bourgogne mais je n'arrive à lire exactement d'où elle vient. Peut-être le pourras-tu plus que moi. Ainsi il est probable que leur descendance soit de cette paroisse ...
Re: A la poursuite de Lachenay...
Le trois d'octobre mille sept cent treize après la publication / des trois bans par trois différents dimanches consécutifs sans / qu'il se soit trouvé aucun empêchement et vu le certificat / ci attaché, Estienne de Savrey fils de Jean de Savrey laboureur / et d'Élisabeth Laurent, paroisse de Fouvent-la-Ville duché de / Bourgogne d'une part ; et Anne veuve de Jean Le Conte / fille de André Patraud et de Marguerite Palel d'autre part / de cette paroisse, ont reçu la bénédiction nuptiale en / face de la Sainte Église, en présence de Louis Bachelerie, / Emery Roy et Martial Barbarin, amis communs et parents, / Martial Barbabin beau-frère de l'époux, Marguerite Palel / mère de l'épouse, et Catherine Patraud sa sœur qui ont / déclaré ne savoir signer excepté ledit Bachelerie qui a signé.
Fouvent-la-Ville (Fouvent-le-Bas) fut érigé chef-lieu de canton sous la Révolution.
Fouvent-le-Bas, Fouvent-le-Haut et Saint-Andoche ont fusionné en une commune : Fouvent-Saint-Andoche, dans le département de la Haute-Saône.
Fouvent-la-Ville (Fouvent-le-Bas) fut érigé chef-lieu de canton sous la Révolution.
Fouvent-le-Bas, Fouvent-le-Haut et Saint-Andoche ont fusionné en une commune : Fouvent-Saint-Andoche, dans le département de la Haute-Saône.
Re: A la poursuite de Lachenay...
Je suis tombé sur Lachenay dans un article sur la deuxième colonne infernale rédigé par Simone Loidreau, historienne spécialiste du sujet.
Ça confirme ce que j'ai écrit plus haut : Jean-Baptiste Lachenay est bien né à Paris le 25 avril 1760. Il était le fils de Louis Lachenay, garde française, et de Marie Élisabeth Fournel.
Il a servi de 1779 à 1786 au régiment d'Agenois, mais n'était pas doué pour la chose militaire, puisqu'il n'a obtenu de l'avancement que par l'ancienneté.
À son retour à la vie civile, il devint cuisinier, avant de reprendre du service en 1791 dans le 3e bataillon de Paris. Il prit du galon, cette fois en raison de ses convictions jacobines.
Il fut envoyé en Vendée avec son régiment le 23 mai 1793, et devint sous-lieutenant le 5 juillet suivant. Toujours aussi peu doué pour le métier des armes, il demanda à être nommé adjudant de place à Airvault, ce qu'il obtint le 4 septembre. Il passa ensuite à Thouars le 13 septembre.
Il fut blessé par des Vendéens le 8 octobre, tandis qu'il faisait une ronde. Cette blessure sans gravité lui servit toute sa vie pour demander des mutations.
Son dossier militaire est mystérieusement vide jusqu'au 25 juin 1794, date de sa nomination comme adjudant de la place de Belle-Ile. Il devint même le commandement de la place le 19 décembre, grâce à l'intervention de Boucret, ancien commandant de la troisième colonne infernale.
Il reprit quelque temps ses exactions contre les Chouans en 1796, après avoir été nommé à Guingamp par Hoche.
Il quitta l'Ouest de la France en 1809. On le retrouve deux ans après adjudant de place à Givet, dans les Ardennes.
À la Restauration, il demanda au Roi une pension, la croix de Saint-Louis et un grade de capitaine-major, en faisant valoir sa carrière militaire sous Louis XVI (mais pas ses états de service en Vendée). Son dossier le présente comme « un homme très immoral » qui « n'a d'ailleurs aucune capacité ». Lachenay ne reçut pas la croix de Saint-Louis et fut mis à la retraite, mais tout de même avec une pension de lieutenant.
Ça confirme ce que j'ai écrit plus haut : Jean-Baptiste Lachenay est bien né à Paris le 25 avril 1760. Il était le fils de Louis Lachenay, garde française, et de Marie Élisabeth Fournel.
Il a servi de 1779 à 1786 au régiment d'Agenois, mais n'était pas doué pour la chose militaire, puisqu'il n'a obtenu de l'avancement que par l'ancienneté.
À son retour à la vie civile, il devint cuisinier, avant de reprendre du service en 1791 dans le 3e bataillon de Paris. Il prit du galon, cette fois en raison de ses convictions jacobines.
Il fut envoyé en Vendée avec son régiment le 23 mai 1793, et devint sous-lieutenant le 5 juillet suivant. Toujours aussi peu doué pour le métier des armes, il demanda à être nommé adjudant de place à Airvault, ce qu'il obtint le 4 septembre. Il passa ensuite à Thouars le 13 septembre.
Il fut blessé par des Vendéens le 8 octobre, tandis qu'il faisait une ronde. Cette blessure sans gravité lui servit toute sa vie pour demander des mutations.
Son dossier militaire est mystérieusement vide jusqu'au 25 juin 1794, date de sa nomination comme adjudant de la place de Belle-Ile. Il devint même le commandement de la place le 19 décembre, grâce à l'intervention de Boucret, ancien commandant de la troisième colonne infernale.
Il reprit quelque temps ses exactions contre les Chouans en 1796, après avoir été nommé à Guingamp par Hoche.
Il quitta l'Ouest de la France en 1809. On le retrouve deux ans après adjudant de place à Givet, dans les Ardennes.
À la Restauration, il demanda au Roi une pension, la croix de Saint-Louis et un grade de capitaine-major, en faisant valoir sa carrière militaire sous Louis XVI (mais pas ses états de service en Vendée). Son dossier le présente comme « un homme très immoral » qui « n'a d'ailleurs aucune capacité ». Lachenay ne reçut pas la croix de Saint-Louis et fut mis à la retraite, mais tout de même avec une pension de lieutenant.
Dernière édition par Nicolas Stofflet le Mar 27 Mai - 17:01, édité 1 fois
Re: A la poursuite de Lachenay...
À propos du nom Roux de Lachenay : cela vient d'une dénonciation d'un certain Bujault qui accusa Lachenay d'avoir un père émigré nommé ainsi.
Mais c'est peu vraisemblable. Pourquoi Lachenay aurait-il falsifié cette ascendance quand il entra dans l'armée en 1779 ? Il aurait plutôt dû s'en vanter.
Mais c'est peu vraisemblable. Pourquoi Lachenay aurait-il falsifié cette ascendance quand il entra dans l'armée en 1779 ? Il aurait plutôt dû s'en vanter.
Re: A la poursuite de Lachenay...
Merci pour ces précisions Nicolas. Il n'était pas surprenant d'avoir si peu d'information tant le personnage fut insipide. Encore un exemple d'homme promu pour ses idées et non pour ses qualités.
Le vide de son dossier militaire pour la période des colonnes infernales n'est finalement pas surprenante au vu des autres nombreux dossiers divers dont on a que le bulletin analytique ou dont les chemises sont vides...
Le vide de son dossier militaire pour la période des colonnes infernales n'est finalement pas surprenante au vu des autres nombreux dossiers divers dont on a que le bulletin analytique ou dont les chemises sont vides...
Re: A la poursuite de Lachenay...
Merci beaucoup, Nicolas, pour tous ces éclaircissements ; nous voilà édifiés sur la vie de ce "misérable personnage".
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Mer 16 Fév - 12:36 par lasseu
» Génocide, les preuves...
Mar 15 Fév - 22:25 par lasseu
» Les Duhoux, oncle et neveu ?
Dim 15 Déc - 13:50 par icmo72-49
» ADDP présentation
Lun 18 Mar - 17:58 par Le Loup
» Présentation de C.
Mar 7 Juin - 22:49 par Le Loup
» Que s'est-il passé à la Vachonnière (La Verrie) ?
Jeu 2 Juin - 17:18 par Le Loup
» enfance et l'adolescence du Prince de Talmont
Sam 7 Mai - 8:26 par Svetozar
» Goichon, illustrateur des Guerres de Vendée
Mar 29 Mar - 14:23 par Svetozar
» Bonjour! Je suis de Russie
Dim 27 Mar - 11:36 par Le Loup